Henri IV

Cette synthèse, mise en forme par Maryse Esterle, reprend de larges extraits du chapitre Henri IV de l’Encyclopédie Larousse en ligne, que nous remercions vivement.

Premier des Bourbons, dont il instaura le pouvoir absolu, Henri IV hérita du trône à la suite de la longue agonie des Valois. Il dut cependant conquérir son royaume et, pour parvenir à ses fins, déployer un sens politique extrêmement aigu, qui lui permit de faire taire la discorde entre les factions et de ramener ainsi la paix après trois décennies de guerre civile. Devenu « Henri le Grand » pour ses sujets, il incarna un modèle de monarque idéal, amateur de plaisirs mais soucieux avant tout des affaires de l’État, et demeure dans l’histoire de France un personnage à mi-chemin du mythe et de la réalité.

Portrait présumé d’Henri IV enfant – Château de Pau

Henri naît au château de Pau le 13 décembre 1553. Par son père, qui ne lui lègue au demeurant qu’un fort modeste patrimoine foncier, il est le premier prince du sang ; de sa mère, il hérite un domaine considérable dans le Sud-Ouest : la Navarre du nord des Pyrénées, le Béarn, l’Albret, l’Armagnac, Foix et, plus au nord, le Périgord et la vicomté de Limoges.

Dès sa naissance, une légende se crée : il aurait été baptisé avec l’ail et le vin de Jurançon donné par son grand-père, celui-là même qui veut qu’on l’élève « à la béarnaise et non mollement à la française » ; aussi Henri passe-t-il sa prime jeunesse au milieu des paysans du Béarn, vêtu et nourri comme eux, parlant leur langage, courant à leurs côtés et escaladant pieds nus les montagnes du pays.

Le futur roi reçoit cependant une instruction qui n’est pas aussi négligée qu’on le prétendra. Il traduit les œuvres de César et trouve dans Plutarque – ainsi qu’il le rapporte dans ses lettres – « des maximes excellentes pour [sa] conduite et pour le gouvernement des affaires ». Mais l’essentiel de sa formation provient de son expérience des hommes et des contacts directs qu’il recherche. Des théories de gouvernement, il n’a cure ; c’est l’empirisme qui dirige ses actes – un empirisme fondé sur la connaissance des réalités de son royaume. Aussi rude soldat que bon stratège, il a comme instructeurs l’amiral Gaspard II de Coligny et le célèbre capitaine François de La Noue. Son courage dans l’adversité deviendra légendaire.

Sous l’influence de sa mère, fervente calviniste, Henri de Navarre est élevé dans la foi réformée. Dès l’âge de seize ans, il prend le commandement de l’armée des protestants lors des guerres de Religion et devient le chef du parti huguenot. Il renonce au calvinisme pour échapper au massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), mais il y revient en 1576, après avoir fui la cour où il était resté en otage pendant quatre ans.

C’est en 1593 qu’il se convertit définitivement au catholicisme. Ses convictions religieuses, comme celles de toute une partie de la société française en cette fin de XVIe siècle, semblent donc incertaines, mais son intérêt pour les questions religieuses est constant. En 1571, il participe, aux côtés de sa mère, au synode de La Rochelle, qui, sous l’autorité de Théodore de Bèze, élabore la confession de l’Église réformée de France ; en 1593, lorsqu’il se fait enseigner les préceptes du catholicisme, avant d’abjurer la foi protestante, il discute avec les théologiens les points de doctrine qui lui semblent erronés – parmi lesquels l’existence du purgatoire.

Le massacre de la Saint Barthélémy – Wikipedia

Pour tenter de réconcilier protestants et catholiques, Jeanne d’Albret et Catherine de Médicis décident, en 1572, de marier Henri avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX. Jeanne d’Albret meurt le 4 juin, mais la cérémonie de mariage est célébrée le 18 août à Paris. Elle revêt des formes inaccoutumées. Henri étant protestant, le consentement des époux est reçu avant leur entrée dans la cathédrale Notre-Dame. Henri y pénètre ensuite pour en sortir aussitôt par une porte latérale et n’y revient qu’une fois la messe achevée. Cette mise en scène contribue à échauffer les esprits des Parisiens, qui sont pour la plupart hostiles à ce mariage. Or celui-ci a fait venir à Paris un grand nombre de nobles protestants. Les chefs du parti catholique, formé autour des Guises, décident de passer à l’action. L’assassinat de l’amiral de Coligny, dans la nuit de la Saint-Barthélemy, par des gardes du roi Charles IX prélude à la tuerie, qui fera près de 3 000 victimes.

Procession des partisans de la Sainte Ligue – Enc. Larousse

Tant que les fils d’Henri II – Charles IX, Henri III et François d’Alençon, duc d’Anjou – n’ont pas d’héritiers mâles légitimes, Henri de Navarre est le seul héritier du trône en vertu de la loi salique. Or Henri de Navarre, qui s’est établi en Guyenne en 1576, est redevenu le chef des Huguenots. C’est en chef de guerre qu’il prend part à la poursuite des guerres de Religion : en 1580, il enlève avec témérité la place de Cahors, qu’il acceptera cependant de rendre.

Le 10 juin 1584, à la mort du duc d’Anjou, dernier frère d’Henri III, Henri Ier de Guise et ses partisans de la Ligue catholique mettent en avant une tradition immémoriale des rois Très-Chrétiens : tous ont été de confession catholique. De leur côté, les partisans du roi de Navarre se coalisent en une union où font cause commune les protestants dans leur ensemble et les catholiques moins intransigeants.

Henri III et Henri IV – Enc. Larousse

Après la journée des Barricades (12 mai 1588), qui a livré Paris aux ligueurs, l’assassinat à Blois de Henri Ier de Lorraine, 3e duc de Guise, et du cardinal Louis II de Guise (23-24 décembre 1588) constitue un événement politique majeur : Henri III se range du côté d’Henri de Navarre, en qui il a toujours vu un successeur, à la condition que ce dernier se convertisse au catholicisme – de là le mot célèbre prêté au futur Henri IV : « Paris vaut bien une messe. » L’entente des deux adversaires de la Ligue s’étant concrétisée à Plessis-lès-Tours, le 30 avril 1589, les soldats du roi et les troupes protestantes marchent effectivement sur Paris.

L’assassinat d’Henri III bouleverse à nouveau la situation du royaume. Avant de s’éteindre dans la nuit du 1er au 2 août 1589, le roi a le temps de demander aux nobles assemblés de prêter serment à celui qu’il leur désigne Henri comme le nouveau souverain – ce que tous feront.

Henri IV à la bataille d’Arques – Enc. Larousse

La lutte contre la Ligue se précise. Le roi de France bat le duc de Mayenne à Arques, près de Dieppe, le 21 septembre 1589, puis, le 14 mars 1590, à Ivry, près de Dreux. Les ligueurs et leurs alliés espagnols perdent environ 6 000 soldats et proclament roi le cardinal de Bourbon sous le nom de Charles X.

Henri IV se décide alors à tenter le blocus de Paris, qui commence le 7 mai 1590. Il a, semble-t-il, sous-estimé les forces de la Ligue dans la capitale. Le 27 juillet, il lance un assaut qui est repoussé. En août, la famine se généralise, provoquant la mort d’au moins 45 000 habitants sur une population qui en compte environ 220 000. Henri IV, sous la pression de l’armée espagnole commandée par Alexandre Farnèse, venu des Pays-Bas, doit se replier en septembre. En 1591, il prend Chartres et Noyon, mais, en 1592, il échoue devant Rouen.

Excommunié par les papes Grégoire XIV et Clément VIII (juin 1591 et janvier 1592), le roi, après avoir rassuré les protestants (édit de tolérance de Mantes, 4 juillet 1591), sait que l’heure est venue de faire des concessions aux catholiques dits « royaux », ou « politiques », qui acceptent de le voir monter sur le trône s’il rompt avec le protestantisme. Un pamphlet hostile aux ligueurs, la Satire Ménippée (1594), lui apportera la caution des politiques.

Abjuration d’Henri IV – Enc. Larousse

Après avoir reçu l’enseignement des évêques de Bourges, du Mans, d’Évreux et de Nantes, Henri IV abjure solennellement la foi protestante en la basilique de Saint-Denis, le 25 juillet 1593. Ne pouvant se faire sacrer à Reims, qui est toujours aux mains des Guise, il reçoit l’onction royale à Chartres, le 27 février 1594. La sainte ampoule que l’on utilise alors provient de l’abbaye de Marmoutier, ce qui place le nouveau roi sous la protection de saint Martin.

L’absolution que Clément VIII accorde finalement à Henri IV le consacre comme roi Très-Chrétien (17 septembre 1595) –, mais, pour lui éviter l’humiliation d’avoir à se rendre au Saint-Siège pour se prosterner aux pieds du pape, ce sont deux hommes d’Église, Armand d’Ossat et Jacques Davy Du Perron, qui le représenteront. Cet acte est le préalable qu’il fallait pour entreprendre la pacification du royaume.

Henri IV se rendant à Notre-Dame – Sylvain Kerspen

La reddition de Paris, abandonnée par le duc de Mayenne, constitue une étape décisive : le roi fait son entrée dans la capitale le 22 mars 1594, grâce à la complicité du maréchal de Brissac, en qui les ligueurs avaient pourtant placé leur confiance. Aussitôt, le roi confirme que la religion catholique serait la seule autorisée à Paris et jusqu’à dix lieues alentour, gagnant ainsi la neutralité, voire la sympathie des ligueurs.

Édit de Nantes – Enc. Larousse

La paix religieuse est établie par l’édit de Nantes, signé selon la tradition le 13 avril 1598, mais en réalité le 30 avril. Le catholicisme est reconnu comme religion officielle, mais les protestants obtiennent des garanties d’ordre religieux, politique, juridique et militaire telles qu’ils sont susceptibles de former un État dans l’État.

Le 2 mai 1598, le traité de Vervins, conclu entre Henri IV et Philippe II d’Espagne, met fin aux hostilités avec l’Espagne en confirmant les dispositions de la paix du Cateau-Cambrésis (1559). Les Espagnols rendent toutes les places prises en Picardie, y compris Calais, mais gardent Cambrai. Leurs menées en France ont définitivement échoué.

Sully – Enc. Larousse

Le roi, toutefois, sait choisir ses conseillers, qui se répartissent en un Conseil des affaires, un Conseil d’État, un Conseil des finances et un Conseil privé, chargé de rendre la justice. Le plus remarquable de ses ministres – auquel s’identifie tout son règne – est Maximilien de Béthune, fait duc de Sully en 1606.

La réorganisation de l’État monarchique est le but que poursuit Henri IV. Dans une ordonnance de 1599, celui-ci proclame : « La puissance et la richesse des rois et des souverains consistent dans la richesse et le nombre de leurs sujets. » Aussi va-t-il faire d’un pays ruiné par trente années de guerres une grande puissance économique. La reprise démographique est également significative, et l’on estime que le nombre de Français, en 1610, avoisine les 17 millions, dont plus de 80 % de paysans.

« Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée » proclame Sully, qui les compare aussi aux « mines et trésors du Pérou ». La France est un pays où l’argent s’investit presque uniquement dans la terre.

Pour faciliter le développement agricole, on encourage le rachat des prés communs aliénés à vil prix par les communautés paysannes, on interdit la saisie du bétail et de l’outillage par les créanciers, on permet la libre circulation des blés et, en 1601, on proscrit la chasse dans les récoltes du printemps aux vendanges. On crée la charge de maître des eaux et forêts, et l’on interdit les coupes de bois dans les forêts royales. L’assèchement des terres marécageuses (Marais poitevin, marais Vernier, à l’embouchure de la Seine, Limagne, Gascogne) constitue une autre entreprise originale, menée à bien avec l’expérience des Hollandais.

Résultats de ces efforts : la production céréalière retrouve ses niveaux records du XVIe siècle. Mais si le nombre de paysans aisés augmente, la propriété rurale demeure réduite et la grande masse de la paysannerie, misérable. Et non, chaque paysan n’a pas « tous les dimanches sa poule au pot », comme la propage l’archevêque de Paris Hardouin de Péréfixe dans son Histoire du roy Henry le Grand (1661).

Plusieurs révoltes paysannes éclatent: bonnets rouges en Bourgogne, gauthiers en Normandie, croquants dans le centre de la France. La plus importante touche en 1593 le Limousin puis le Périgord, où les paysans se détachent du pouvoir de la noblesse. Une partie d’entre eux est massacrée en juin 1594 et le mouvement s’éteint l’année suivante.

Plusieurs édits royaux encouragent l’essor des manufactures : tapisseries des Gobelins, soieries de Dourdan, dentelles de Senlis, verres de Melun, draperies de Reims, satins et damas de Troyes, cuirs du Poitou. En revanche, l’acclimatation du ver à soie en région parisienne, que tente Olivier de Serres, est un échec. Les corporations nouvelles sont réglementées, mais elles sont régies par les privilèges accordés aux artisans et aux manufacturiers. Le redressement du commerce extérieur donne lieu à des traités avec l’Angleterre et la Turquie.

Le canal de Briare – Enc. Larousse

Sully, qui, parmi ses charges, occupe celle de grand voyer, améliore l’état des routes (construction de ponts, pavage en certains endroits). Il ordonne aussi la construction de canaux, principalement entre Loire et Seine (→ canal de Briare), Loire et Saône, Saône et Meuse, Aude et Garonne (canal des Deux-Mers).

En revanche, c’est malgré les réticences de Sully qu’Henri IV renoue avec la politique coloniale entamée par François Ier en Nouvelle-France : il soutient l’expédition de Champlain, qui fonde Québec en 1608. De nombreux paysans, manceaux, angevins ou normands, commencent alors à émigrer au Canada.

Dès 1601, grâce à Sully,  le budget est en équilibre : pour la première fois depuis longtemps, les recettes sont évaluées avec précision, les receveurs généraux sont étroitement contrôlés et doivent verser les surplus qui ne sont pas utilisés sur place, les dépenses sont prévues dans le détail. Les mesures fiscales se succèdent et non seulement Sully parvient à payer les lourdes dettes contractées par Henri IV pour financer sa guerre de reconquête du pouvoir, mais il réussit à faire faire des économies au trésor royal et à constituer d’importantes réserves. En 1602, il procède à une réforme monétaire, qui rétablit la distinction entre monnaie réelle et monnaie de compte, et permet ainsi la reprise de la frappe dans tout le royaume.

Le Pont-Neuf à Paris – Enc. Larousse

Paris, où s’installe la cour qui n’est désormais plus itinérante, est l’objet de toutes les attentions royales. Henri IV dote le Louvre de la Grande Galerie qui le relie aux Tuileries, et c’est de son règne que datent le Pont-Neuf, la place Royale, l’hôpital Saint-Louis et la mise en chantier de soixante-huit rues nouvelles.

La Bibliothèque royale est transférée de Fontainebleau à Paris, augmentée des manuscrits grecs des Médicis et ouverte au public. Devenue de fait la capitale du royaume, Paris attire un grand nombre d’officiers royaux. Ailleurs, on construit le château de Saint-Germain-en-Laye, le collège de La Flèche, on embellit le château de Fontainebleau.

Rubens, L’arrivée de Marie de Médicis – Enc. Larousse

Après la dissolution, le 31 août 1599, de son mariage avec Marguerite de Valois par le pape Clément VIII, Henri IV fixe son choix sur une princesse italienne, Marie de Médicis, dont l’oncle, le grand-duc de Toscane, détenait une énorme créance sur le roi de France – plus d’un million d’écus. La négociation en vue du mariage se double donc d’une négociation sur la dette, qui sera en effet réduite du montant de la dot – soit 600 000 écus. En outre, l’alliance avec les Médicis vise à resserrer les liens du premier des Bourbons avec l’Église – ce que démontrera par la suite la politique de la reine devenue régente. Henri IV et Marie de Médicis reçoivent la bénédiction nuptiale à Lyon, le 17 décembre 1600.

Henri IV jouant avec ses enfants – Paris Musées collection

Le 27 septembre 1601, à Fontainebleau, naît le futur Louis XIII : c’est la première fois depuis Henri II qu’un roi de France a un dauphin – aussi l’événement est-il considérable. Au grand scandale de la reine, Henri IV ordonnera que tous ses enfants, légitimes et légitimés, soient élevés ensemble. Le « Vert Galant » : voilà un surnom bien mérité pour un roi qui proclamait : « Je fais la guerre, je fais l’amour et je bâtis. » Henri IV eut aussi de nombreuses maîtresses (on lui en attribue une trentaine), parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées qui lui donna trois enfants, Henriette de Balzac d’Entragues, avec laquelle il en eut deux et bien d’autres.

Assassinat d’Henri IV – Shakespeare solved blogger

Henri IV, dont la vie est menacée à plusieurs reprises par des attentats entre 1594 et 1602, est également la cible de plusieurs complots venus de la noblesse. Les préparatifs de guerre contre les Habsbourg sont perçus par les adversaires du roi comme une décision hostile à une monarchie porte-étendard du catholicisme et comme un enjeu secondaire dans la politique européenne. De plus, ils font craindre le retour à une lourde fiscalité. Henri IV a décidé de prendre lui-même la tête de son armée et, pour asseoir l’autorité de Marie de Médicis, qui va exercer le pouvoir en son absence, il fait couronner la reine à Saint-Denis, le 13 mai 1610. Le Conseil de régence qui est formé réunit quinze membres ; la reine, cependant, n’y a pas voix prépondérante.

La campagne militaire doit être lancée le 19 mai 1610. Le 14 mai, Henri IV décide d’aller rendre visite à Sully, qui est malade. Alors que son carrosse s’est mis au pas dans la rue de la Ferronnerie, une silhouette surgit à la portière – juste devant l’auberge « Au cœur couronné percé d’une flèche » ! – et poignarde le roi à deux reprises. Transporté au Louvre, Henri IV y meurt quelques instants plus tard. Son assassin est François Ravaillac, un homme de 32 ans qui passe pour mentalement dérangé.

Henri IV à Saint-Denis – Dezalb Pixabay

Outre les prémonitions que le roi lui-même semblait avoir en ce mois de mai 1610, le fait étrange est que les conditions de sa mort aient été annoncées par divers courriers antérieurs à celle-ci. Cette mort est-elle l’acte d’un individu isolé ou au contraire manipulé ? Ravaillac, valet de chambre d’un magistrat d’Angoulême puis frère convers au couvent des Feuillants de Paris, s’en justifie par les théories sur le tyrannicide, alors largement répandues. Cependant, les parlementaires chargés de l’enquête vont l’orienter dans le sens de leurs convictions gallicanes et voir derrière le meurtrier d’Henri IV la main de leurs cibles favorites : les jésuites, les séides de l’Espagne ou les Espagnols eux-mêmes. Henriette d’Entragues, maîtresse du roi, son ami le duc d’Épernon, le couple des Concini, dévoués à l’Espagne, et d’anciens ligueurs seront incriminés. Certes Ravaillac avait naguère fait partie de ces milieux, mais, même longuement soumis à la torture, il ne donne aucun nom. Il a le châtiment des régicides : il est écartelé en place de Grève, le 27 mai 1610.

Le visage d’Henri IV reconstitué d’après la tête momifiée – Futura-Sciences

En 1793, les tombes royales de la basilique Saint-Denis sont profanées. Le corps d’Henri IV est jeté dans la fosse commune, avec les autres rois et reines de France. En 1817, Louis XVIII déterre et replace les corps dans la basilique.

Trois corps, non identifiés, sont réintégrés sans leur tête. Le corps d’Henri IV a été le premier mis dans la fosse commune en 1793, difficile de croire qu’on aurait pu voler sa tête comme relique à côté des révolutionnaires attentifs à ne rien laisser échapper, mais au début du XXe siècle, le brocanteur Joseph-Émile Bourdais achète trois crânes anonymes. Très vite, il est persuadé que l’un d’eux est celui d’Henri IV. Après un changement de propriétaire, la tête est retrouvée par deux journalistes. En 2010, le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier, entouré de 19 scientifiques multidisciplinaires, réalise plusieurs examens, très vite réfuté par d’autres scientifiques. Le combat entre scientifiques fait rage et le débat entre experts se poursuit aujourd’hui. L’ADN trouvé dans la tête momifiée correspondrait cependant à celui de Louis XVI. De quoi parler encore du roi Henri…

Sources

  • Bordonove Georges, Henri IV, 1589-1610, Paris, Pygmalion, 2006
  • Desprat Jean-Paul, Les bâtards d’Henri IV. L’épopée des Vendôme 1594-1727, Paris, Perrin, 1999
  • Encyclopédie Larousse, Henri IV
  • Gabet Stéphane et Charlier Philippe,  Henri IV : l’énigme du roi sans tête, Paris, Vuibert, 2013
  • Garrisson Janine, Henri IV. Le roi de la paix, Paris, Tallandier, 2000
  • Michelet Jules, Histoire de France, Tome 10. La Ligue et Henri IV, Équateurs, 2008
  • Saint-Bris (de) Gonzague, Henri IV et la France réconciliée,  Paris, Livre de Poche Hachette, 2012