Les origines du Béarn

Synthèse par Aurore Guilhamet

C’est seulement à partir du XIe siècle que les historiens peuvent reconstituer l’histoire du Béarn. Les suppositions sur l’origine du nom Béarn sont nombreuses. Béarn pourrait venir du mot basque ‘behera’ signifiant terres d’en bas. La capitale de l’époque, Beneharnum, pourrait aussi avoir donné son nom aux Béarnais. Pierre de Marca, dans son Histoire de Béarn (1640), émet l’hypothèse que Charles Martel, pour les remercier de l’aide apportée à la victoire contre les Sarrasins en 732, concéda un territoire (a priori en 755) aux Alamans de Berne, territoire leur rappelant leurs montagnes natales.

La Dame de Brassempouy – Wikipedia

Les Pyrénées ont commencé à se peupler il y a 500 000 ans. Les hommes de cette époque apprivoisaient le feu, chassaient le cerf, le sanglier, l’ours, etc. Vers -30 000, les hommes de Cro-Magnon ornent les grottes pyrénéennes, fabriquent des outils plus précis, des armes et surtout des objets d’art, telle la Dame de Brassempouy, retrouvée dans un petit village des Landes.

Vers -10 000, le climat se réchauffe, des forêts apparaissent, les hommes cultivent et domestiquent les animaux. La poterie fait son apparition.

C’est vers -4 000 que les hommes des Pyrénées commencent à travailler fer, cuivre et bronze. Ils édifient des mégalithes et vivent dans des villages fortifiés. Des traces ont été retrouvées à Lacq, Asson, Bougarber ou encore Labastide-Cézeracq. Ceux que l’on appelle désormais les Aquitains exploitent le sel de la région et parlent une langue proche du basque.

Parmi les suppositions, certains historiens pensent qu’une tribu d’Ibères, venant probablement de la vallée de l’Ebre et d’Aragon s’installe aux pieds des Pyrénées. Leur nom : les Benarnis, les Vernanis ou encore les Béharnenses. Leur capitale est Beneharnum, l’actuelle Lescar.

La Novempopulanie E. Sushi

En pleine conquête des Gaules, l’armée romaine s’intéresse à la région Aquitaine. Ce n’est qu’en 51 av J.-C. (ou 56, selon les sources) que les Romains parviennent à soumettre les Benarnis, après une résistance de presque 30 ans.

La région fait alors partie d’un ensemble appelé la Novempopulanie (territoire des neuf peuples). Trois territoires, dont le territoire Vernani, y seront ajoutés par la suite.

Avec les Romains, l’économie de la région évolue et ne se limite plus seulement à l’élevage. Peu à peu, se développe la culture des céréales (millet, seigle et orge) et de la vigne, essentiellement sur les coteaux de Salies-de-Béarn et de Bellocq.

Les Romains construisent aussi des ponts et des routes. La plus importante d’entre elles est la route commerciale entre Aquae Tarbelicae (actuelle Dax) et Saragosse. Elle traverse la capitale de l’époque, Beneharnum.

Parmi les peuples de la région, inventoriés par Pline l’Ancien, on compte les Iluronenses, habitant Iluro, l’actuelle Oloron. Les Occidates de l’Ossau et les Tarbellis dans la région d’Orthez.

Page illustrée du Bréviaire d’Alaric II – Xavier Lorente-Daracq

La région du Béarn est stratégique. Au pied des montagnes, elle est un passage obligé depuis et vers l’Espagne. Elle connaît donc de multiples invasions, du Ve au VIIIe siècle : les Vandales, les Alains, les Quades (Suèves) et les Wisigoths.

Depuis le Ve siècle, les Wisigoths ont conquis le Béarn. En même temps, la région se christianise progressivement. Alaric, le chef wisigoth, persécute le clergé, mais les Wisigoths n’imposent ni leur langue ni leur culture, ils s’intègrent à la population locale.

Au début du VIe siècle, Clovis, roi des Francs, part dans le Sud pour vaincre les Wisigoths. Il libère la population des « barbares » par la bataille de Vouillé. Le Béarn passe sous le joug franc.

À la fin du VIe siècle, probablement en 561, les Vascons (basques et gascons), originaires de la Navarre espagnole, envahissent le Béarn. Très vite, la Novempopulanie devient le territoire de Vasconie (Vasconia, puis Gasconha).

En 602, les Francs soumettent la Vasconie, qui devient duché. En 668, Lupus devient duc d’Aquitaine. Il fédère les Vascons et les Aquitains.

Au VIIIe siècle, c’est au tour des Maures (ou Sarrasins) d’envahir la Gaule, mais leur incursion en Vasconie fut très brève. Après la défaite de Poitiers, ils repassèrent par le Béarn et se firent massacrer en vallée d’Ossun par Béarnais et Bigordans. On suppose que seule une partie des troupes se fit tuer dans cette bataille. Certains historiens pensent que les Sarrasins faits prisonniers à ce moment-là sont à l’origine de la population des cagots, minorité lourdement discriminée.

Suivront les Vikings, qui parvinrent à détruire des villes de Vasconie. Les Vikings ne sont pas des conquérants. Leurs attaques sont très organisées, mais très brèves. Ils cherchent seulement à rapporter des richesses dans leur pays. Leur tactique est simple, ils remontent les fleuves (par exemple le gave de Pau) à bord de leurs knörrs et pillent les villes : Beneharnum, Iluro, Aire, Bayonne, Dax, Condom, Agen, etc.

Après la destruction de Beneharnum, Morlaàs devient la capitale.

Sources

  • Garet Émile, Histoire du Béarn en deux conférences, depuis les origines jusqu’à 1789, Pau, imprimerie – stéréotypie Garet, 1911  Émile Garet, Histoire du Béarn
  • Lorrente-Darracq Xavier, site Bearn terre d’histoires Béarn terre d’histoires
  • Tucoo-Chala Pierre, Petite Histoire du Béarn, du Moyen-Âge au XXe siècle, Cressé, Princi Negue Editour, 2000